Nos Compagnons de Route

Pour mettre en oeuvre ce projet pédagogique, nous comptons sur 4 compagnons de route; ils constituent nos outils privilégiés et ont tous un point commun: c'est en pleine nature qu'ils révèlent leur potentiel inestimable!



le sac à dos et le sentier

 La marche longue est un moment privilégié ou corps et esprit vivent ensemble et pensent ensemble offrant de beaux et sereins moments de plénitude .

Témoignage de Josette, éducatrice spécialisée: "La randonnée m'offre un espace éducatif que je ne peux avoir nulle part ailleurs. Au Foyer, je suis dans un espace réduit, avec les codes de l'établissement, avec les codes de relations de groupe, où les entrevues individuelles avec l'enfant sont pour l'essentiel codifiées, presque virtualisées, des entretiens où il faut parler, sans silence. En marchant, loin, je diffère dans l'espace, je ne suis ni au foyer, ni dedans. L'enfant -et moi aussi - est libre de marcher seul, de se taire, ou de parler avec les copains ou avec moi. Et moi, éducatrice, je peux faire varier la distance avec l'enfant telle que je le veux et qu'il le veut. On peut se rapprocher, s'éloigner, marcher en silence, parler et puis se taire, parler sans exiger de réponse. C'est la marche longue dans la nature qui le permet, qui crée cet espace de relation, cet espace éducatif unique, impossible au Foyer, et même impossible ou beaucoup plus rarement dans des activités sportives de plein-air".

 

Marcher, c'est aussi une digestion active de ce qui nous entoure. En arrivant en haut de la montagne ou de la colline, on a permis au paysage d'être fécondé par l'effort!

 

"J'imaginais pas que ça puisse être si beau la nature!" nous dit Mathéo au sommet du Ballon d'Alsace (Camp Vosges Clos du Chemin Vert)

Mathéo aurait-il eu le même sentiment s'il était arrivé en téléphérique?

 



LA CORDE ET LE ROCHER

Grimper est d'une richesse symbolique étonnante. Cette richesse est vécue et perçue, de manière consciente ou pas, par les jeunes.

Voici les "traits fondamentaux" de cette richesse:

  • Enfin, je suis maître de mon existence! C'est moi seul qui tiens "ma vie" entre mes doigts. Je me porte seul et me rends compte que j'en suis capable! C'est parfois une révolution intérieure.
  • Je m'élève. Je quitte le sol habituel et ma misère. Je vais vers "de l'inconnu" et du "plus loin", du "plus haut". Je grandis et agrandis mon pouvoir sur les choses.
  • Je suis relié à quelqu'un. Par la corde bien sûr, mais plus sans doute. Le lien matériel devient lien d'amitié, de connivence mais surtout de confiance. Oser faire confiance! A soi et à l'autre. C'est un "passage obligé" pour aller vers les autres et ainsi gagner en bonheur de vivre.
  • Je découvre l'humilité : la montagne ou la falaise est tellement grande qu'elle nous oblige à reconsidérer l'arrogance de l'espèce humaine sur les choses. Il ne peut y avoir bonheur que si il y a relation sincère et relation sincère que si il y a humilité.
  • Je peux m'exprimer sans les mots. L'escalade, hormis pour la sécurité , ne possède pas de règles, pas de codes. Chacun s'exprime comme il est, comme il veut.
  • Une découverte sensorielle intense : être en pleine nature, au milieu des lézards et des fleurs sauvages. Au vent. Au soleil. Chaque déséquilibre amène une nouvelle prise à tenir: une texture de rocher à découvrir, un trou, une goutte, une colonnette. D'une certaine manière, on vit, en grimpant, les temps géologiques.

 




le canoë et la rivière

Quel monde à part la rivière! Se sentir appartenir à ce monde laisse des traces indélébiles pour ceux qui l'ont côtoyé. Avec le si beau paradoxe que justement, en pagayant sur l'eau on ne laisse aucune trace! Un petit tourbillon qui disparaît 2 secondes plus tard, tout au plus. C'est jubilatoire comme sentiment de "ne pas déranger".

 

Une participante: "C'est incroyable, on fait un méandre et on se croirait au Canada!"

Une anecdote un peu plus que centenaire l'illustre à merveille le potentiel de "rupture" qu'offre l'itinérance en canoë : "... à un cercle de voyageurs patentés, un de leurs pairs raconta une aventure étonnante. Il parla de lieux isolés et de situations imprévues. Il cita des décisions, essentielles à sa survie et à la poursuite de son périple, qu'il avait du prendre sur l'instant. Il évoqua un rythme inhabituel de progression et son exaltation face à l'inconnu. Il expliqua sa satisfaction d'avoir appris avant le départ et la nécessité qu'il avait eue d'acquérir, sur le tas, des techniques nouvelles. Sans dévoiler ni le lieu de son voyage, ni son mode de déplacement, le voyageur captiva son auditoire. Cela semblait si intense, si exotique aussi, que beaucoup d'auditeurs regrettèrent de ne pas avoir eu cette idée de voyage les premiers. Et puis vint la chute du récit qui les déconcerta tous : le voyageur décrivait un parcours d'une semaine en canoë sur le Seine en amont de Paris. Il y a avait été question de tout ce qu'un voyageur intrépide était en droit d'attendre de son périple : isolement, inconnue et danger ; il avait même subi la curiosité invasive des populations locales. Mais était-ce le lieu, si proche, qui avait semblé à ce point exotique, ou n'était-ce pas plutôt le mode de voyage."  (In "La caresse de l'onde")

 

En outre, en proposant un support mobile et instable sur une surface mouvante, le voyage en canoë détruit en un instant, et dès le premier instant, tout repère habituel. Rien de connu ne résiste, tout est à réinventer : son équilibre, sa façon de se déplacer, même sa gestion de l'effort puisque, de bipède, le canoéiste se mue en homme-tronc. Faire partie du milieu on disait...



L'ÂNE ET LA CARRIOLE

L'âne est animal très sociable. Complice et confident, tendre et doux souvent.

 

 

 

 

 

 

 

 

Dans notre action, il est, de plus, utile : il ne s'agit pas d'une relation désincarnée pour combler un manque affectif mais d'une relation paysanne, non exempte de respect et d'amour mais sur un contrat clair, un échange. "Tu portes mes bagages et je prends soin de toi!" Alors, prendre soin, prend tout son sens. Donner et recevoir: la base non?

 

« C'est doux, c'est chaud, c'est toujours là ; ça écoute et ça cause pas » un jeune en camp itinérant avec âne.